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Oeuvres et littérature Adil Salouane
29 novembre 2021

Extrait du roman "Le triomphe des humbles"

 

                                          

 

 

 

 

                      LE TRIOMPHE DES HUMBLES

                                                                              Adil SALOUANE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                        CHAPITRE  I

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                 

 

                                                                     I

 

 

   La chambre était saturée de l’engourdissante odeur du plat de la veille. Lorsque les journées étaient plus chaudes, la touffeur de l’été rendait encore plus vertigineuse l’âcre almanach de parfums. Au coin de cette obscure pièce, dans une table de jardin rafistolée en bureau, Llorio, comme chaque après-midi, pâlissait sur un livre, faisait des fiches, s’appliquait à alimenter le confus génie littéraire qu’il croyait couver par toutes ces nourritures spirituelles. Il régnait un silence sépulcral, quelque chose de tendu et d’assourdissant qui flattait le modeste bourdonnement des quelques mouches présentes. L’une d’elles ne cessait d’auréoler Llorio d’une frénétique danse.

  L’écrivain, obnubilé, ne la remarquait pas.

L’insecte, lassé peut-être, repartit vers d’autres horizons. Plus précisément vers une photocopie nichée au centre de la porte d’entrée. La manière symétrique avec laquelle celle-ci était posée, l’emplacement de cette image dans un lieu plutôt désert et affichant une inclination pour le vide, tout cela attestait de manière probante le respect et l’admiration qui allaient à l’endroit du personnage.

   L’industrie de ces arrangements semblait sacraliser ce portrait. C’était un des célèbres portraits de Victor Hugo. La main sur la tempe à la lisière d’une chevelure chenue, le poète a l’air pensif, grave. Comme la mouche se retira de l’oreille du titan de la littérature, Llorio par un inexplicable réflexe entendit enfin la musique de ses chétives ailes qui battaient et un regard admiratif, rêveur, alla directement caresser l’insondable mine de la légende romantique.

  Il aurait pu longuement contempler l’écrivain mais il se leva, s’étira langoureusement et essaya de soulager son corps et son esprit de cette contention de quatre heures de lecture et d’écriture. Après cet exercice, il mit de l’eau dans un verre puis alla le chauffer dans un livide micro-ondes surplombant timidement son réfrigérateur. Il prépara une cuillerée de café quand frappa à sa porte Cynio qui n’avait jamais changé sa façon de toquer malgré les recommandations de son ami : de violents coups rappelant un être en détresse.

   _ Ah! Voilà l’artiste! annonça-t-il à peine entré. Mes hommages votre seigneurie artistique.

   Llorio hochant la tête alla terminer son café et en proposa un à son invité qui ne le refusa pas.

 

 _ Alors jusqu’à quand vas-tu vivre dans ces conditions? Un artiste ça a besoin de soutien, d’argent, et je t’ai déjà proposé mon aide.

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